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Autour du Misanthrope : quand des lycéens s’emparent de Molière #Molièremoderne

Le Misanthrope, c’est cette pièce du XVIIème siècle écrite par Molière. Pas très moderne, vous me direz ? C’est que vous n’avez pas vu la version dépoussiérée que nous a proposé la Compagnie Kobal’t cette semaine. Les élèves de différentes écoles ont rencontré cette semaine les comédiens de la troupe.

Lundi matin, nous embarquons donc avec Thomas (chargé des relations avec les publics à La Passerelle), Chloé Chevalier et Mathieu Boisliveau (comédiens dans la pièce) en direction du lycée Jean XXIII de Quintin où nous sommes attendus par trois classes de 1ère STI, ES et S.

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Les deux comédiens se présentent :
Mathieu : On fait partie de la Compagnie Kobal’t. A la base, on est trois dont deux metteurs en scène. Pour ma part, j’ai eu une formation classique au conservatoire d’Avignon où j’ai rencontré Chloé et les autres acteurs de la troupe. On se connaît tous très bien. J’ai commencé le théâtre par de l’improvisation, c’était pour me canaliser mais aussi par curiosité. Et puis j’ai été reçu à l’audition d’Avignon. Mais c’est en le faisant aujourd’hui que je trouve vraiment du sens à jouer.

Chloé : Pour moi c’est totalement l’inverse. J’étais trop timide alors je me suis mise au théâtre. J’ai commencé petite dans une compagnie d’acteurs enfants. J’y ai trouvé une possibilité de m’exprimer, une certaine liberté.

Puis, c’est l’occasion d’une récapitulation de l’histoire entre lycéens et comédiens.

C’est l’histoire d’Alceste et Célimène. Ils sont en couple mais ça dérape, ils traversent une période de crise.

Voici un petit résumé rapide pour que vous compreniez mieux la suite des événements : Alceste se plaint de l’hypocrisie du monde et reproche très vite le manque d’honnêteté à son ami Philinte. Il plaide pour la sincérité, mais lui-même n’arrive pas à être sincère quand Oronte vient lui demander son avis sur un sonnet. Il reproche ensuite à Célimène son comportement, sa complaisance auprès des autres hommes. S’ensuivent des rebondissements qui vont mettre le couple à rude épreuve.

Mathieu : Moi je joue Philinte, l’ami d’Alceste. Alceste lui reproche son amitié non sincère.

Chloé : Je joue Arsinoé, l’amie de Célimène. Elle est secrètement amoureuse d’Alceste et va lui donner la preuve de l’infidélité de Célimène.

Les comédiens abordent ensuite la mise en scène et leur façon de jouer.

Le but c’était de s’éloigner des archétypes que Molière a créés et de se rapprocher de l’humain. Tout part d’un moment de vie, d’une souffrance intérieure, intime. Alceste est un jeune qui est blessé dans son amour propre. Molière donne des adjectifs pour qualifier tous les personnages. Nous, on essaye de montrer que ce ne sont que des réactions à certaines situations. Pour jouer, on se raconte une histoire imaginaire, on replace la pièce dans un contexte qu’on connaît car le comédien va charger le personnage de ses propres émotions.
De plus, le rapport acteurs / spectateurs est totalement perturbé dans cette mise en scène. Les spectateurs sont placés en trois ‘grappes’ : ils sont au cœur de l’action.

Vient le temps des confidences sur la première fois sur scène et la gestion du stress pour un artiste.

Mathieu : La première fois, on a peur. Ça a un petit côté épreuve du feu. Donc oui, il y a de l’appréhension mais t’es content en réalité.

Chloé : Et puis t’as envie d’y retourner après. Tu n’es jamais entièrement satisfait. T’as toujours quelque chose à approfondir sur scène, à résoudre. Les trous, ça arrive mais le tout c’est de ne pas paniquer. Les spectateurs, ils sont avec toi. Il y a une certaine empathie. Et puis ils ne sont pas censés savoir ce que tu dois dire exactement. C’est aussi ça qui est magique : l’acteur et le spectateur partagent le risque.

Mathieu : Le stress, c’est différent pour tout le monde. Il y en a toujours un peu car on ne sait pas comment le public va appréhender le texte mais c’est du trac positif !

Le lendemain nous avons approfondi le sujet avec Guillaume Motte (lui aussi comédien et assistant à la mise en scène) et une classe de 1ère L du lycée Rabelais à travers un travail théâtral sur la pièce. Les élèves ont eu la chance de voir le spectacle avant cet atelier. La journée commence donc par une discussion sur la mise en scène et des échauffements.

L’après-midi, on rentre dans le vif du sujet avec un travail sur la Scène I de l’Acte II, la scène de la dispute entre Célimène et Alceste. Ça commence par « le travail de table », soit la lecture du texte. Il s’agit d’une découverte du texte. Très vite, les élèves comprennent la difficulté de l’alexandrin. Premier conseil : se fier à la ponctuation. Le but de l’exercice est de comprendre la situation et l’intention de l’auteur.

Deuxième exercice : on traduit le texte avec ses propres mots. Les élèves se mettent donc à réécrire la scène à leur façon mais en gardant le sens qu’a voulu donner Molière. C’est ainsi que le texte original se transforme dans la bouche des élèves. Les
« coups de bâton » deviennent « des coups de pieds au cul » et se quereller devient « s’embrouiller ». Certains élèves poussent même les choses jusqu’à utiliser un langage très urbain, en sortant des punchlines dignes de celles qu’ils utilisent dans la cour de récréation.

Dernier exercice : la mise en scène de leurs textes adaptés. Il y a trois consignes : définir où se passe la scène, le rapport avec le public que les élèves veulent et les outils scénographiques qu’ils souhaitent utiliser (chaise, table, etc).
Après quelques minutes, les élèves font preuves de créativité. La scène est jouée dans différents contextes : dans une chambre, à la gare routière, dans l’appartement d’Alceste…

Retour en images sur ce travail :

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Croyez-moi, certains sont des futures graines d’acteurs ! Peut-être que ce Misanthrope revisité par la Cie Kobal’t aura suscité des vocations !

A bientôt pour de nouvelles aventures à La Passerelle,

#Justine

Crédits photos : #Elizabeth #Justine

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