Nos crimes
sont des films

Éléonore Weber
& Patricia Allio

Salle de conférence DIFFUSION EN CONTINU
Biographie
Eléonore Weber et Patricia Allio
Eléonore Weber est auteur, metteur en scène et réalisatrice. Elle a étudié le droit et la philosophie politique à L'EHESS. Elle occupe un temps un poste d'assistante parlementaire au Sénat avant de se consacrer à la création. Pour le théâtre, elle a écrit et mis en scène Tu supposes un coin d'herbe (Festival Mettre en Scène TNB, Rennes, Théâtre de la Bastille 2006), Rendre une vie vivable n’a rien d’une question vaine (créé au Festival d’Avignon en 2007). En 2004, elle a mis en scène Je m'appelle Vanessa de Laurent Quinton pour la série de créations initiées par Roland Fichet à La Passerelle, Scène nationale de Saint-Brieuc. Le spectacle sera repris au Festival Mettre en Scène en novembre 2004. Elle est aussi l'auteur de deux pièces courtes Manège (2000-2001) et Décadrages (2003). Ces deux pièces ont été mises en scène par Annie Lucas. Au cinéma, elle a réalisé Night Replay en 2012 (Arte, La Lucarne, festival du film de Belfort-Entrevue, Hors-Pistes Centre Pompidou, CPH-DOX à Copenhague, RIDM à Montréal..). Elle réalise en 2007 Les Hommes sans gravité (moyen-métrage de fiction, production Ecce films, Entrevues Belfort, festival de cinéma de Brive, Côté Court Pantin, Hors Pistes Centre Pompidou...). En 2005, elle réalise Temps morts (court-métrage de fiction, durée 20', production Le Grec, festival du film de Belfort-Entrevues, Festival de Vendôme, Côté Court Pantin, Cinemed Montpellier, Festival du film de femmes de Créteil..). Elle s'associe à Patricia Allio en 2008. Prélevant des échantillons du réel, à la lisière du théâtre documentaire, elles conçoivent des dispositifs qui interrogent la place du spectateur et la nature de la représentation. Cette démarche les conduit à aborder certains cas limites et à mettre en jeu une dramaturgie de la question. Elles créent en 2008/2009, Un inconvénient mineur sur l’échelle des valeurs à Paris à la Grande Halle de la Villette puis à la Ménagerie de Verre En 2011 Premier Monde à la Grande Halle de la Villette. En 2012, les performances Prim’Holstein au Centre Pompidou et Fin de l’origine du monde aux Subsistances. En 2012-2013, Night Replay, film documentaire pour Arte, réalisé par Eléonore Weber et co-écrit avec Patricia Allio. En 2014, Natural Beauty Museum au Centre Pompidou, dans le cadre du Festival d'Automne.
Bar ouvert
Le bar est ouvert chaque soir de représentation à partir de 18h30, pendant les entractes et après les représentations : restauration légère et boissons vous y sont proposées.

Avant, ceux qui filmaient la guerre devaient se faire une place auprès des soldats. Ils montaient avec eux dans les bombardiers ou couraient maladroitement sur le champ de bataille, un pied de caméra à la main. On pouvait leur reprocher d’avoir enjolivé les choses, on pouvait imaginer tout ce qu’ils n’avaient pas montré. C’était l’époque où les guerres n’étaient pas encore réellement devenues des films. Aujourd’hui, lorsqu’un militaire commet un crime, il voit la scène se dérouler sur un écran. L’œil est désormais une arme, l’arme est désormais un œil. Les vidéos peuvent provenir d’un drone, d’un hélicoptère ou d’un avion. On les trouve sur des sites internet dédiés à la guerre, souvent à la gloire de l’armée.

Dans l’oeil du viseur fait partie d’un projet en cours sur la guerre. Cette vidéo est un montage à partir de films trouvés sur le web, elle questionne la technologie de prise de vue de ces nouvelles armes qui détermine la manière de faire la guerre et de la regarder. L’oeil est désormais une arme, l’arme est désormais un oeil.

Nos premières discussions ont tourné autour du sentiment de découvrir ce que l’on savait pourtant déjà : un peu partout dans le monde, l’armée française mène aujourd’hui des guerres en notre nom. Elle n’a d’ailleurs jamais été impliquée dans un si grand nombre de conflits. Nous visitons le site du ministère de la Défense, où sont présentées les différentes opérations en cours. Nous visionnons des documents postés ici et là par les militaires. Certains sont clairement liés à une propagande, d’autres sont plus officieux. Par un effet de glissement, nous nous intéressons bientôt à des images fournies par d’autres armées, notamment par l’armée américaine. Ce glissement est d’ailleurs inévitable, puisque la guerre est devenue globale, qu’elle n’a plus de frontières et que les pays occidentaux interviennent le plus souvent de concert. Notre démarche consiste à détourner ces matériaux, à les extraire du discours de propagande dans lesquels ils sont pris, à les décrypter afin de mettre au jour la singulière cruauté de cette guerre à distance. Nous questionnons la technologie de prise de vue de ces nouvelles armes, qui détermine la manière de faire la guerre et de la regarder.

jeudi 24 mars 18:00