Éducation artistique & culturelle

Écrire sur leur « Béquille », un atelier au lycée agricole de Caulnes

Le regard est fuyant, les mains froissent le papier pendant que la lycéenne lit pour la première fois l’Ôde à mon troll. Laure Catherin, metteure en scène rennaise, lui donne quelques conseils sur sa respiration. L’élève se lance pour une seconde fois. En prenant des pauses à chaque virgule qu’elle a écrite. Dès lors, on visualise le voyage de l’adolescente et de son troll en Alaska et à Tahiti.

Laure Catherin et Gaëtan Vettier (cie La Dude) interprètes de Béquille / Comment j’ai taillé mon tronc pour en faire des copeaux viennent d’achever une série de cinq représentations dans trois établissements des Côtes-d’Armor. Avec ce spectacle joué en salle de classe, ils tentent de répondre à l’épineuse question « Comment gérer une offense ? ». Pour cela le duo évoque l’histoire d’un chevalier anglo-saxon, d’un ou d’une chou-fleur, d’un troll, de toutes les « béquilles » que l’on construit pour se protéger mais aussi de comment elles peuvent devenir un poids.

Le projet en étapes clés :
> 23 au 25 novembre : Cinq représentations dans trois établissements scolaires des Côtes d'Armor du spectacle Béquille / Comment j'ai taillé mon tronc pour en faire des copeaux de Laure Catherin
Pour les secondes : 
> 1er et 2 décembre : Atelier d'écriture et lecture auprès d'élèves en secondes SAPAT du Lycée Agricole de Caulnes
Pour les terminales TSAV : 
> Lundi 27 septembre : Visite de La Passerelle et rencontre avec Laure Catherin
> Mercredi 13 et jeudi 14 octobre : Atelier d'écriture et de pratique
Durée :
Pour les secondes : 2 x 3 heures pour l'atelier d'écriture + 2h pour la représentation et le temps d'échange avec l'artiste
Pour les terminales : 8h d'intervention
Participant·es : 28 élèves de 2nd pour l'atelier d'écriture
Objectif : favoriser la rencontre entre les élèves et les artistes et développer leur sens de l’observation et de la critique, ainsi que leur assurance et leur confiance en soi.
Encadrement : Erwan Bariou (enseignant du Lycée de Caulnes)

« Pendant ces deux jours, on n’a pas reconnu le Marc* qu’on a avec nous en classe. Il a fait / écrit des choses très drôle, il a mis une perruque, il s’est lâché. »

La pièce a été jouée devant des élèves en terminale STAV (sciences et technologies de l’agronomie et du vivant) et des élèves en seconde SAPAT (services aux personnes et aux territoires). En parallèle, cette classe de dernière année de lycée a bénéficié d’une visite de La Passerelle, d’un échange autour de la notion de médiation et d’un atelier d’écriture et de pratique sur les thématiques du spectacle. L’objectif était qu’ils puissent préparer les classes de seconde GT (générale et technologique) et de seconde SAPAT à la représentation. La création de Laure Catherin trouve un écho différent dans chaque classe où elle est jouée. À l’issue du spectacle, un groupe de lycéen·nes évoquera plus particulièrement le regard du harceleur et de comment ce dernier se transmet ; dans une autre représentation est abordée la difficulté de transmission des « valeurs » des adolescent·es vers les adultes. « Un sujet fort avec les élèves » explique Erwan Bariou, enseignant, lors d’un sujet du journal Ouest-France.

Le duo d’artistes est revenu dans le lycée de Caulnes, la semaine suivante, pour deux jours d’atelier d’écriture avec des élèves de secondes SAPAT (Services aux personnes et aux territoires). La classe a été amenée à réécrire une des scènes de Béquille. À travers l’Ode à mon troll et le Discours du vieux con, chacun·e a produit un court texte issu de son imaginaire, avec un soupçon plus ou moins dosé de quotidien et d’expériences vécues.

« Dire tout cela sur [le registre] de la comédie, c’est super. Cela permet aussi de montrer aux autres, ce que l’on ressent au fond de nous » évoquera Clara*. « Oui, c’est cela leur métier à Laure et Gaëtan » répondra leur enseignant devant le sourire amusé de la metteure en scène. Cette dernière reste admirative du travail réalisé par les Secondes : « ce n’est pas simple ce que je vous ai demandé, c’est même compliqué ». Chacun·e, en l’espace de deux jours, à l’impression d’avoir beaucoup appris, « plus que depuis le début de l’année scolaire » a même ressenti Marc*. Pour leur professeur, il ne fait aucun doute que cet enseignement leur sera utile pour acquérir plus de confiance à l’oral, si bien qu’il aimerait envisager un troisième jour d’atelier.

*Les prénoms des élèves ont été modifiés.

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