Mes Prix Littéraires

Thomas Bernhard
Olivier Martinaud

Théâtre tarif plein : 15 €
tarif réduit : 9 €
tarif solidaire : 6 €
Petit théâtre 1h05 / à partir de 14 ans
Distribution

Texte : Thomas Bernhard (traduit de l’allemand par Daniel Mirsky)
Mise en scène : Olivier Martinaud
Avec : Laurent Sauvage et Olivier Martinaud
Lumières : Rémi Godfroy

Biographie
Olivier Martinaud / Thomas Bernhard
Olivier Martinaud Il sort en 2004 du Conservatoire national supérieur d’art dramatique où il a notamment pour professeurs Éric Ruf, Joël Jouanneau, Jean-Marie Patte, Philippe Garrel et Gérard Desarthe. Comédien, il tourne à la télévision et au cinéma, joue au théâtre et enregistre des textes à la radio pour les émissions et les fictions de Radio France. À France Culture, il est aussi producteur de documentaires pour l’Atelier de création radiophonique et pour Sur les docks. En 2008, il met en scène imbécile, une comédie musicale d’Olivier Libaux, au Café de la Danse, aux Francofolies de La Rochelle et en tournée, avec Bertrand Belin, Barbara Carlotti, JP Nataf et Armelle Pioline. Il crée à Paris « garçon pressé » et travaille sur les écritures de Federica Iacobelli, Dea Loher, Jon Fosse, Sonia Chiambretto et Frédéric Vossier. Il met en espace en allemand Erich von Stroheim de Christophe Pellet, à Berlin et au Festival franco-allemand Primeurs. Avec le dramaturge de la Schaubühne Nils Haarmann, il co-traduit trois pièces de Nis-Momme Stockmann, dont Si bleue, si bleue, la mer et Les Inquiets et les brutes, textes lauréats de l’aide à la création du Centre national du Théâtre. Du même auteur, il met en espace L’Homme qui mangea le monde au Festival NAVA (2012). Il met en scène Mes prix littéraires de Thomas Bernhard à la Loge (2012), au Lucernaire (2014) et en tournée. Il met en scène Les Inquiets et les brutes de Nis-Momme Stockmann au Lucernaire (2015), avec Daniel Delabesse et Laurent Sauvage. Il lit L’amour la gueule ouverte (hypothèses sur Maurice Pialat) d’Alban Lefranc à Théâtre Ouvert (2015), solo qu’il reprendra à l’automne 2016 au Théâtre Universitaire de Nantes. Il prépare actuellement la création d’Angleterre, Angleterre d’Aiat Fayez, dont il vient de présenter une première mise en voix à Théâtre Ouvert. Thomas Bernhard La vie de Thomas Bernhard est immédiatement marquée par une grande précarité, non seulement financière ou émotionnelle, mais également corporelle. Autrichien, il est en fait né le 9 février 1931 à Heerlen aux Pays-Bas. II vit à partir de l'automne chez ses grands-parents à Vienne, avant que sa mère ne revienne en Autriche en 1932 et se remarie. Il passe sa jeunesse à Salzbourg, principalement sous l'aile de son grand-père, Johannes Freumbichler, qui reçoit en 1937 le prix d'Etat pour la littérature pour son roman Philomena Ellenhub, ce qui ne doit pas cacher une grande précarité matérielle. Thomas Bernhard dans Ein Kind ("un enfant"): "Celui qui vend quelque chose qui n'existe pas est accusé et condamné, disait mon grand-père, l'Église vend publiquement Dieu et le Saint-Esprit depuis des millénaires de manière totalement impunie". Thomas Bernhard mettra toujours l'accent sur son enfance auprès de son grand-père, époque heureuse pour lui. Le 13 mars l'Allemagne nazie annexe l'Autriche austro-fasciste (depuis 1934). En 1939, Thomas Bernhard entre dans le "jungvolk", en 1941/42, il est envoyé dans le centre d'éducation national-socialiste pour enfant en Thuringe, en 1943 il entre dans un internat nazi à Salzbourg, ville où sa famille s'installe en 1946. En 1947, Thomas Bernhard arrête le lycée et commence un apprentissage, avant qu'en 1948, malade de la grippe, il soit envoyé à l'hôpital au début 1949 où on lui donne les derniers sacrements. Son grand-père meurt la même année, sa mère l'année suivante. Il apprendra ces deux décès de la même manière: par hasard dans le journal. Thomas Bernhard, atteint de tuberculose pulmonaire, ne quittera les hôpitaux qu'en 1951. Il souffrira toute sa vie du souffle court et sa littérature sera fortement imprégnée de ces souffrances physiques vécues. Mais en 1950 il a fait la rencontre de Hedwig Stavianicek, qui sera sa grande amie et dont il partage désormais la pierre tombale. En 1952, il travaille comme collaborateur indépendant au journal Demokratischen Volksblatt grâce à un ami de son grand-père et a ses premières publications, ainsi que ses premiers scandales pour ses articles très critiques. Thomas Bernhard attaque vigoureusement l'hypocrisie typique de la ville de Salzbourg, qu'il voit comme une prison fondée sur la religion et le refus d'abandonner les valeurs national-socialistes. Il étudie, au Conservatoire de musique et d'art dramatique de Vienne ainsi qu'au Mozarteum de Salzbourg. Il écrit son premier roman, Frost (GelL) en 1962, qui paraît l'année suivante et qui gagnera de nombreux prix. Le scandale absolu est atteint en 1968, lorsqu'on lui remet un prix d'Etat autrichien pour la littérature pour Frost. Le ministre de l'éducation et tous les responsables quittent la salle alors que Thomas Bernhard tient un discours attaquant frontalement l'Etat, la culture autrichienne et les Autrichiens. Il dit notamment: "Nous Autrichiens sommes apathiques; nous sommes la vie en tant que désintérêt général pour la vie". Mais Thomas Bernhard se concentre de plus en plus sur les œuvres théâtrales. En 1969 il se lie d'amitié avec le régisseur Claus Peymann, qui sera un grand soutien tout au long de sa carrière. En 1970 Ein Fest für Boris est un grand succès au Théâtre allemand de Hambourg. La même année il obtient le prix Georg Büchner, la plus importante récompense littéraire d'Allemagne occidentale. Ces années marquent le début d'un cycle de 5 œuvres autobiographique (qui paraîtront entre 1975 et 1982): l'Origine, la Cave, le Souffle, le Froid et Un enfant. En 1975, c'est un nouveau scandale. La pièce Der Präsident (Le président) a sa première en Allemagne à Stuttgart quatre jours après celle en Autriche, soit le 21 mai 1975. C'est-à-dire le même jour et dans la même ville où se déroule le premier procès de la Fraction Armée Rouge. On peut ainsi entendre les acteurs dirent: "On en finira rapidement avec les anarchistes, sans autre forme de procès". "Tout le monde a peur / Tout le monde / Tout le monde / Tout le monde / dans cet Etat ne domine plus que la peur". En 1976 a lieu à Stuttgart la première du portrait dramatique du vieil acteur, Minetti, joué par Bernhard Minetti. La pièce Vor dem ruhestand (Avant la retraite) décrit elle, deux ans plus tard, une autre vieillesse: celle d'un juge allemand célébrant en cachette l'anniversaire de Himmler. C'est une attaque contre le ministre-président du Baden Wurtemberg, qui les derniers jours de la seconde guerre mondiale était un juge de la Marine condamnant encore à mort et ayant toujours caché son passé par la suite. A la fin de la pièce, le régisseur Claus Peymann appela à donner de l'argent pour la prisonnière de la Fraction Armée Rouge, Gudrun Ennslin. La pièce Der Theatermacher (Le faiseur de théâtre) causera également un grand scandale en Autriche en 1985, le ministre (socialiste) des finances et futur chancelier disant que "de telles sorties contre l'Autriche comme dans "Le faiseur de théâtre" ne seront bientôt plus tolérées". Mais c'est bien sûr pour Heldenplatz (la place des héros), que Thomas Bernhard s'attirera le plus d'ennui. Pour les 50 ans de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne, la pièce attaque l'hypocrisie autrichienne. La "place des héros", au centre de Vienne, a été le lieu d'un discours de Hitler qui fut acclamé par une énorme foule. Thomas Bernhard considère que les Autrichiens n'ont pas changé et l'œuvre décrit la souffrance de Juifs vivant dans la hantise de ces clameurs, cinquante années après. Thomas Bernhard meurt trois mois après la première, le 12 février 1989. Dans son testament, il interdit la diffusion et la représentation de ses œuvres en Autriche ("quelle que soit la forme de son Etat") pour les cinquante prochaines années. Ses héritiers annuleront cet aspect du testament. Thomas Bernhard a écrit 250 articles, 5 recueils de poésie, 23 grands textes en prose et nouvelles, 18 pièces de théâtre.
Coproduction/Mentions
Production : garçon pressé, avec le soutien de la DRAC d’Île-de-France – Ministère de la Culture et de la communication –, l’aide à la diffusion d’Arcadi Île-de-France et de la Spedidam.
Bar ouvert
Le bar est ouvert chaque soir de représentation à partir de 18h30, pendant les entractes et après les représentations : restauration légère et boissons vous y sont proposées.


En écho

Resté inédit jusqu’à aujourd’hui, ce recueil de Thomas Bernhard, achevé en 1980, réunit les récits mordants et désopilants qui relatent la réception, par l’auteur, de ses prix littéraires. Bernhard, dont on sait la haine de la médiocrité et l’attitude complexe envers son pays et ses représentants, trahit là le dilemme permanent de sa vie d’écrivain : accepter un prix et les subsides dont il avait cruellement besoin, et subir ce sentiment de haine de soi et de gêne multiple qu’il y a à l’accepter. La réception de chacune de ces récompenses est un moment douloureusement vécu, aux confins de l’humiliation, mais dont le récit est une merveille d’humour et d’esprit, irrésistiblement méchant et drôle. Personne n’est épargné par l’humour vengeur d’un auteur hypersensible à la bêtise ambiante, aux compromissions de toutes sortes et aux lâchetés omniprésentes.
Olivier Martinaud s’empare avec délectation de ces textes et nous livre la voix de cet écrivain dont la pensée provocatrice et brillante ne cesse de dénoncer les travers de son époque. On y retrouve le comédien Laurent Sauvage qui joue Valmont dans Ne me touchez pas (4 et 5 novembre).

mercredi 8 juin 20:30