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Salia Sanou rencontre des élèves

 

Salia Sanou rencontre des élèves
du lycée Saint-Charles La Providence de Saint-Brieuc

 

Jeudi matin, je me rends au lycée Saint-Charles La Providence où est accueilli Salia Sanou, chorégraphe du spectacle « Du désir d’horizons » à l’affiche hier soir à La Passerelle. Cette  sympathique rencontre est à l’initiative de Mme Alexis, documentaliste et référente culture du lycée et Mmes Raulet, Grosset, Jaouannet, professeures de Lettres, et Anne-Laure Gouriou, chargée des relations avec le public à La Passerelle. Elles ont choisi de faire découvrir à leurs élèves de seconde plusieurs spectacles tout au long de la saison, dont celui de Sania Sanou.

photo de Salia Sanou
Salia Sanou

Mise en contexte

Ce moment est l’occasion pour les élèves de visionner le documentaire réalisé par Manivelle Production, tourné lors du second séjour de Salia Sanou dans un camp de réfugiés du Burkina Faso, où il animait des ateliers de danse. On y voit Salia et son équipe de danseurs au quotidien, sur les plaines arides du Burkina Faso en plein désert, prodiguer des cours à des enfants débordant d’énergie. On y voit plus généralement la vie telle qu’elle est dans ces camps, où leurs habitants vivent sous des tentes, souffrent de la faim, perdent peu à peu l’espoir de retourner chez eux, mais continuent à vivre, à s’animer. Et c’est surtout sur cette vie que le documentaire se concentre, sur leur environnement, tout ce qui fut la base de l’inspiration de Salia Sanou pour chorégraphier son nouveau spectacle.

Après le documentaire, un échange avec les élèves se met en place sous forme de questions-réponses. Un premier élève demande : « Pourquoi êtes-vous allé dans ce camp et combien de temps y êtes-vous resté ? », puis un autre : « Combien de personnes assistaient à vos cours de danse ? ». Le chorégraphe en profite pour leur en apprendre un peu plus sur la fondation African Artists for Development (AAD), qui subventionne ces ateliers via le programme «  Refugees on the move ». Ce programme lui a permis de venir à trois reprises apprendre à danser et monter un spectacle avec 400 réfugiés, dont une majorité d’enfants. Salia Sanou explique alors ses motivations, sa curiosité et son sens de la solidarité, et leur présente sa démarche : « Dans ces camps, il ne se passe rien, ce qui entraîne à terme de la violence. Ainsi, les ateliers de danse sont une manière d’endiguer cette violence en occupant les jeunes, en les faisant extérioriser leur énergie de manière saine et constructive. » Il explique que les réfugiés continuent encore à danser aujourd’hui, malgré son départ, car il a organisé une « relève » sur place : un investissement en matériel de danse et musical, et des professeurs qui continuent à faire danser les réfugiés.

photo du Spectacle:DU DESIR D'HORIZONS
« Du désir d’horizons »

« Du désir d’horizons »

La discussion glisse ensuite vers le spectacle présenté le soir même. La première question posée est bien sûr de savoir si des réfugiés formés pendant ces ateliers faisaient partie des danseurs. Salia Sanou leur répond que oui, mais explique que malheureusement ils n’ont pas pu avoir de visas pour la France. Ils sont néanmoins à « La Termitière », son centre de développement chorégraphique à Ouagadougou, afin de parfaire leur technique. Il ne perd pas l’espoir de leur décrocher ce fameux visa pour qu’ils puissent le rejoindre sur la tournée. Une élève lui demande s’il a chorégraphié « Du désir d’horizons » dans le camp. Salia explique alors qu’il s’est « inspiré des démarches, des attitudes, des manières de se tenir et de se mouvoir, et plus généralement des corps qu’il a vus dans le camp » pour chorégraphier son spectacle. Il a ensuite « laissé reposer tout cela » et en a, dit-il, « ressorti la poésie du désespoir, de la violence, et aussi de la solidarité, de la volonté, de la vie ».

Le jeudi soir, nous voici à la fin du spectacle, qui a visiblement très plu : la compagnie voit devant elle tout le public du théâtre Louis Guilloux se lever pour une standing ovation de plusieurs minutes. Je reconnais quelques têtes blondes croisées le matin au lycée dans la foule. Cerise sur le gâteau : Salia Sanou se faufile parmi ses danseurs pour esquisser quelques pas de danse au moment des saluts, et clôt ainsi chaleureusement le spectacle.

Dimitri – 14 octobre 2016

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